Dante, La Divina Commedia
130 x 80 cm - 2013


Commentaire de l'artiste 

La Divine Comédie n’est au fond qu’un prétexte inventé afin que Béatrice puisse revivre dans l’esprit de Dante. C’est l’écrivain Jorge Luis Borges qui nous dévoile que ce chef-d’œuvre littéraire a pour vocation de permettre à son auteur de retrouver l’aimée disparue. Dans le récit, Béatrice est le guide spirituel de Dante quand il lui faut traverser le purgatoire. Voilà une allégorie choisie de sa propre existence vécue sans son aimée. Enfer, Purgatoire, Paradis, les chapitres sont tournés en rouleaux pour délivrer une Vérité éternelle. La Divine Comédie a lieu dans l’éther noir et fermé du monde spirituel. Cet éther a naturellement pris la forme des cercles qui le composent. Le pauvre Dante est quant à lui perdu dans le monde matériel. Un monde voué au désir, rouge. Son itinéraire initiatique a pour enjeu la mise en communication entre le monde spirituel et le monde matériel. Parcourir l’enfer est glacial pour l’âme et c’est pourquoi le chemin est bleu. La route vers le paradis réchauffe ensuite au soleil jaune de Dieu. Entre Dante et Béatrice, point noir et point rouge, entre un sujet ouvert au divin et un objet de son désir, le lien prend la couleur verte de l’espoir. Car l’attente qu’impose le passage au purgatoire a pour vocation d’offrir la possibilité d’une espérance. Sans le purgatoire, l’idée de l’enfer et du paradis seraient spirituellement stériles et de leur confrontation ne résulterait qu’une aporie. Alors que le mélange du bleu et du jaune laisse apparaître le vert aux yeux de l’homme. Pour franchir le vide de l’éther et atteindre l’espace spirituel que constitue l’œuvre littéraire de Dante, il n’y aurait que le désir d’amour d’un homme pour une femme. Voilà pourquoi la circulation entre bas monde et au-delà prend soudainement la couleur écarlate du sang. Ces trois rubans de papier rouge jouent un rôle essentiel. Dans un mouvement d’inversion s’équilibrent amour et foi, réalité et littérature.

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