Quel autre livre de poésie a-t-il été diffusé à 1.000.000 d’exemplaires ? Howl est sans doute le recueil de poésie contemporaine qui aura le plus marqué le XXème siècle aux Etats-Unis. Ami de Jack Kerouac, héros de la Beat Generation, Allen Ginbsberg a rappelé que la seule chose qui fait réellement la grandeur de l’âme américaine, c’est l’idéal de liberté. Il arrive, parfois, que le pays de Donald Trump désespère le monde. C’est pourquoi il est à la fois vrai et utile d’affirmer que Howl peut prétendre mieux incarner l’identité américaine. Le drapeau américain fait ici l’objet d’une transfiguration. Le « Star and stripes » se mue en bannière noire libertaire. Le livre éclate en hurlant et forme une nouvelle grande étoile. Les bandes horizontales roses, fragilisées par leur texture, avancent à la fois décidées et déstructurées. Howl est un long cri de douleur dans une nuit américaine hallucinée. Ginsberg hurle contre l’Amérique bien-pensante, conformiste, productiviste. Son long poème est une déclaration choquante du besoin absolu et fou de ressentir, d’aimer, de déchirer le voile, d’exulter par le corps et par l’âme. Ginsberg est le premier à affirmer publiquement son homosexualité et la bonne société le traîne devant les tribunaux pour cela. Comme dans un solo de jazz, Howl oublie la métrique des vers et la remplace par la respiration de l’homme. Dans un cauchemar éveillé, les visites désespérées des villes des USA s’égrènent et par là sont aimées. Howl est une déclaration d’amour qui s’adresse à une autre Amérique sombre et magnifique. Qu’il ne faut pas oublier. >>> Back