Après la Bible, il s'agit du livre le plus imprimé au monde. Plus 900 millions d’exemplaires. Mais peu de gens savent que le "Petit Livre rouge" n’a pas été rédigé par Mao Zedong. C’est le Maréchal Lin Biao qui a transcrit les paroles du Grand Timonier. Après avoir été son dauphin et ami, Lin Biao tombe finalement en disgrâce et meurt dans des circonstances tragiques. La page du livre qui citait son nom, une dédicace admirative adressée à Mao, doit alors être arrachée sous peine de mort. Des centaines de millions de livres subissent le même sort. Destin inouï pour un livre qui ne se reproduira certainement jamais. Dans la photographie, la page déchirée est remplacée par une photographie de Lin Biao. Celle-ci porte également les traces d’une déchirure car dans son entièreté cette image d’archive montre Mao et Lin ensemble. Il s’agit de mettre en évidence l'origine véritable de la Révolution culturelle en Chine, à savoir une lutte titanesque entre grands leaders communistes chinois. Avec pour résultat environ 50 millions de morts. Car il faut comprendre que le "Petit Livre rouge" a d’abord été un instrument pour conquérir le pouvoir absolu. Mao Zedong dont l’influence diminuait ne poursuivait qu’un but : fanatiser la jeunesse qui formera les tristement célèbres Gardes rouges. Ils ont été le bras de la Révolution culturelle chinoise et le recueil des pensées de Mao a été l’arme placée dans leur poing. Sous peine de prison, chacun en Chine était tenu de garder en poche ce petit livre. Ne pas pouvoir réciter un passage du livre par cœur faisait courir le risque d’être roué de coups. Une peine de mort était appliquée si la page de dédicace du Maréchal Lin n’avait pas été arrachée. C’est pourquoi, aujourd’hui, il est pratiquement impossible de trouver un "Petit Livre rouge" complet. Mais cela n’a plus tellement d’importance depuis que Deng Xiaoping a déclaré que « Mao avait raison à 70 % et tort à 30 % ». L’idéologie maoïste n’aura pas fait long feu. Le Maréchal Lin Biao a récemment été réhabilité comme héros national par les autorités communistes chinoises. Dans la photographie, la composition utilise le poids des couleurs sombres en alternance aux couleurs claires pour faire apparaître un axe entre l’angle du bas à gauche et le coin supérieur à droite. Une sorte de levier semble peser sur la manche du manteau de Lin Biao. Cette pression exprime l’écrasement du peuple chinois. La symbolique des couleurs est ici un élément clé. Le rouge en Chine est la couleur la plus positive. Elle symbolise le bonheur, la chance, la loyauté, le courage. Ce n’est pas par hasard que cette couleur a été choisie pour la couverture des « Citations du Président Mao Zedong » (véritable titre du livre). Les quatre couleurs qui entourent le livre sont choisies en fonction de leur signification en Chine. Elles évoquent les fameuses "Quatre vieilleries" que combat la révolution culturelle chinoise. Les « vieilles idées » représentées par le bloc noir, couleur qui évoque la mort en Chine comme dans de nombreux autres pays. La « vieille culture » représentée par la zone jaune-or qui rappelle la fonction impériale comme centre duquel diffuse l’ensemble de la culture chinoise. Les « vieilles coutumes » représentées par une masse violette, symbole de sagesse et de religiosité dans l’ancienne Chine. Les « vieilles habitudes » représentées par un bloc vert, couleur qui évoque, l’agressivité et l’infidélité. En Chine, l’association du vert et du rouge est perçue comme particulièrement inappropriée. >>> Back